Fontaine du Jet d’eau

Vous voici devant la fontaine du Jet d’Eau, posée comme une scène au pied de la cathédrale Saint-Julien. Si elle attire le regard par son élégance et le murmure de son eau, cette fontaine est aussi un marqueur important de l’histoire urbaine du Mans. Elle a été inaugurée en 1854, à une époque où la ville se transforme profondément avec l’arrivée du chemin de fer. C’est en quelque sorte une fontaine de la modernité, conçue pour embellir le centre-ville et célébrer le dynamisme d’une cité en plein essor. À cette période, les autorités mènent d’importants travaux d’aménagement, et la place où vous vous trouvez change de visage. Avant cette fontaine, il y avait ici… un grand vide. Un profond fossé médiéval, creusé au Moyen Âge pour défendre l’accès à la cathédrale. Ce fossé faisait partie intégrante des fortifications de la ville. Devenu inutile puis insalubre, il est comblé au XIXe siècle pour créer cette vaste esplanade, au centre de laquelle on installe la fontaine. Réalisée en fonte par les ateliers Doré-Chevé, elle se compose d’un bassin hexagonal, d’une vasque centrale surmontée d’un élégant petit obélisque d’où jaillissent les jets d’eau. L’ensemble est à la fois décoratif et symbolique : il incarne l’eau maîtrisée, mise en scène dans l’espace public, dans l’esprit hygiéniste du XIXe siècle. Aujourd’hui, la fontaine a retrouvé tout son éclat grâce à une restauration récente. Et autour d’elle, l’histoire continue à se lire dans la pierre. Juste à côté, vous apercevez un haut mur de soutènement : c’est l’un des vestiges visibles du talus médiéval créé au XIVe siècle pour renforcer les défenses de la cathédrale. La menace d’une attaque pendant la guerre de Cent Ans pousse les autorités à fortifier le chevet gothique, alors très exposé. C’est à cette époque qu’est construite la tour du Forgeur. C’est le vestige rond que vous apercevez sur votre droite. Elle portait le nom d’un ancien clerc du chapitre, chargé de la gestion des finances, qu’on appelait alors le « forgeur ». Rien à voir donc avec un métier artisanal. Elle faisait partie d’un système défensif improvisé, avec fossé, mur et tour construits dans l’urgence pour protéger le sanctuaire. Aujourd’hui, ce secteur mêle avec justesse les strates du passé : fortifications médiévales, réaménagements du XIXe siècle et vie quotidienne contemporaine. Car la place accueille toujours l’un des marchés les plus animés de la ville, chaque mercredi, vendredi et dimanche matin. L’histoire et la vie locale, ici, se croisent à chaque pas.