Bateau-lavoir Saint-Julien

Regardez de l’autre côté de la rivière : cette drôle de maison flottante, c’est un bateau-lavoir. Laval conserve les deux derniers bateaux-lavoirs municipaux authentiques de France. On peut en voir ailleurs, mais ce sont le plus souvent des reconstitutions ou des vestiges figés sur les quais. Ici, vous êtes devant un vrai témoin du quotidien des Français jusque dans les années 1960.

À Laval, l’activité a même continué jusqu’en 1969, beaucoup plus tard qu’ailleurs. Il faut dire que la flotte avait été renouvelée autour de 1900, et que de nombreux foyers n’étaient pas encore équipés de salle de bain : ces bateaux restaient donc indispensables à la vie quotidienne.

Voyons un peu comment tout ça fonctionnait. Les bateaux étaient aménagés avec de grands bassins ouverts sur la rivière. Les lavandières y venaient frotter, rincer et étendre le linge, quelle que soit la saison. L’hiver, on cassait même la glace pour continuer à travailler ! C’était un métier pénible, bruyant, mais essentiel à la vie de la cité. Les habitants, eux, ne venaient pas laver leur linge ici : les bateaux étaient exploités comme de véritables buanderies collectives, tenues par des laveuses professionnelles. C’était un métier exclusivement féminin, les hommes participaient plutôt aux tâches d’entretien ou de manutention autour des bateaux.

Le Saint-Julien, que vous voyez, a sombré en 2009 avant d’être restauré et renfloué. Depuis 2013, il a retrouvé son emplacement d’origine et se visite comme un petit musée flottant, avec panneaux, photos et reconstitutions 3D. C’est une plongée dans une activité disparue, mais qui faisait battre le cœur des rives de la Mayenne il n’y a encore pas si longtemps.