Portrait d’un homme qui a la tête dans les nuages

Lorsque l’on évoque le nom de Roland Garros, on pense évidemment au célèbre tournoi de tennis. Mais que savez-vous de l’homme derrière le nom ? Savez-vous qu’il était réunionnais ? Aviateur ? Et qu’il jouait non pas au tennis, mais au rugby ! Remettons un peu les choses en place et laissez-moi vous présenter le grand Roland Garros.

Une enfance libre

Le jeune Roland naît à Saint-Denis en 1888. Il passe une partie de sa jeunesse au Vietnam où son avocat de père a ouvert un cabinet, avant d’être envoyé en France pour faire ses études. Il n’a que douze ans et se retrouve propulsé en métropole tout seul et en autonomie totale. C’est peut-être pour ça qu’il sera si dégourdi dans la vie ! Il se découvre une passion pour le sport, notamment le cyclisme et plus tard le rugby. Diplômé de HEC, il s’initie par ailleurs à la mécanique et au sport automobile. Comme il n’a pas voulu suivre la vocation d’avocat de la famille, son père lui a coupé les vivres ! Qu’importe, Roland est un homme libre et ingénieux. Il conçoit une voiturette de sport, devient chef d’entreprise à 21 ans et peut enfin voler de ses propres ailes.  Et c’est en 1909, lorsqu’il assiste à la grande semaine de l’aviation de Champagne, qu’il découvre ce qui deviendra la passion de sa vie : l’aviation. Sa fortune acquise par son commerce automobile florissant lui permettra de s’offrir la moins chère mais aussi, du coup, la plus dangereuse des machines volantes : la Demoiselle Santos-Dumont, également surnommée la tueuse d’hommes. À cette époque, les écoles de pilotage n’existent pas. Les passionnés et les têtes brûlées, qui sont souvent les mêmes, apprennent seuls, à leurs risques et périls.

Un héros qui a marqué l’histoire

Il part aux États-Unis et au Mexique participer à des shows aériens. On le surnomme le cloud kisser, l’embrasseur de nuages. En France, il devient un héros après avoir remporté le Grand Prix du circuit d’Anjou et passe dans la postérité après avoir réussi la première traversée de la Méditerranée. Lorsqu’en 1914, la guerre éclate, il s’engage et brille comme pilote de l’air. Mais le 18 avril 1915, son avion est touché et il est fait prisonnier en Allemagne. Il parvient à s’enfuir déguisé en officier et à rejoindre la France où il reçoit la Légion d’honneur. Mais le 5 octobre 1918, cinq semaines avant l’Armistice et la veille de ses 30 ans, son avion explose en l’air avant de s’écraser dans les Ardennes. Une courte vie qui paraît pourtant bien longue et tellement remplie !

Pourquoi un stade de tennis ?

En fait, tout est parti d’Emile Lesieur, un ami de Roland avec qui il était à HEC. Un jour, Emile devient le nouveau président de la prestigieuse association du Stade Français. À cette époque, on doit construire un nouveau terrain pour accueillir la coupe Davis. Il ordonne alors que ce stade prenne le nom de son ami disparu. C’était non négociable. Voilà comment le nom de l’un des plus grands aviateurs français est devenu à jamais lié au tennis !

En conclusion

Roland Garros, avant d’être associé à l’un des tournois les plus attendus par les joueurs de tennis du monde entier, est avant tout le nom de l’un des personnages les plus importants de l’histoire de l’aviation. Un Réunionnais qui s’est engagé aux côtés de la France pour combattre l’ennemi, innover les avions, mais qui a aussi eu le cran de traverser pour la première fois la mer Méditerranée ! Un héros, quoi…